A crowd shot of the march in Paris, people march behind a banner, waving flags, to illustrate a story about the general strike in France

Les travailleurs français prévoient une grève générale contre le gouvernement d’Emmanuel Macron

L’État français utilise la législation répressive adoptée pendant la guerre contre le terrorisme pour réprimer les grévistes des raffineries de pétrole

Des dizaines de milliers de travailleurs ont rejoint une manifestation à Paris dimanche et les principaux syndicats français se préparent à une grève générale mardi. C’est un défi majeur pour le gouvernement pro-patron du président Emmanuel Macron.

Au cœur de la résistance se trouve une grève des travailleurs des raffineries de pétrole d’Exxon et de Total au sujet des salaires qui a débuté le 27 septembre. Il a fermé plus de la moitié des raffineries françaises et conduit à des stations-service à sec dans de nombreuses régions. Les travailleurs de plusieurs centrales nucléaires ont également fait grève.

L’État s’est mobilisé pour écraser l’action. Il a commencé par libérer des stocks stratégiques de carburant, prétendument créés à des fins militaires lors d’une urgence. Ensuite, il a augmenté les importations, y compris en provenance de Russie, malgré les sanctions contre le régime de Vladimir Poutine.

Selon les données du cabinet de conseil britannique Vortexa, jusqu’à récemment, 17 % des importations françaises de diesel provenaient de Russie. Celles-ci sont passées à 40% début octobre. Lorsque cela n’a pas brisé les grèves, le gouvernement a « réquisitionné » les grévistes – leur a ordonné de reprendre le travail sous la menace de la prison.

Le représentant local de l’État central – appelé préfet – peut « réquisitionner tout bien ou service, requérir toute personne nécessaire » au maintien de l’ordre et de la sécurité publics. La loi a été votée en 2003 pendant la « guerre contre le terrorisme ».

Si les travailleurs ignorent un ordre de réquisition, ils risquent six mois de prison. Le syndicat CFDT d’Exxon a mis fin à la grève, malgré l’opposition de la base, presque immédiatement. Mais les syndicalistes CGT du nord de la France ont courageusement poursuivi la grève.

Et dans un brillant exemple de solidarité, les travailleurs de la Compagnie Industrielle Maritime, la « porte » du Havre pour le carburant vers les raffineries de Normandie, ont décidé d’arrêter le transport de pétrole brut vers les usines en grève.

Mathias Jeanne, un syndicaliste CGT, a déclaré au site socialiste Révolution Permanente : « Nous avons des liens, nous connaissons les camarades. Pour le moment nous ne sommes pas en grève. Mais nous avons prévenu la direction qu’il n’y aura plus de distribution à Exxon et Total, nous avons pris cette décision en assemblée générale vendredi. ”

Les travailleurs du port de Marseille-Fos, dans le sud de la France, troisième port pétrolier au monde, bloquent également au moins certains approvisionnements.

La grève de mardi devrait voir les cheminots, les autres travailleurs des transports, les fonctionnaires et les travailleurs des écoles sortir. Des groupes de soignants, de travailleurs de l’automobile, de supermarchés et autres pourraient également faire grève.

Les grévistes présentent leurs propres revendications salariales et veulent aussi défendre le droit de grève. Dans de nombreuses régions du monde, y compris en Grande-Bretagne, les gouvernements confrontés à une crise économique et politique utilisent des mesures antisyndicales. La riposte française, si elle est menée par des frappes plus larges, montre la voie de la victoire.

La marche de dimanche a combiné les revendications sur le coût élevé de la vie et les problèmes environnementaux.

Il a été convoqué par le parti Insoumise de Jean-Luc Mélenchon et soutenu – bien qu’à contrecœur – par les autres éléments de sa coalition Nupes de partis verts et socialistes. Les syndicats au niveau national étaient glacials envers l’initiative, bien que certaines sections locales l’aient soutenue.

Germinal Lancelin, délégué syndical de la raffinerie en grève de Port-Jérôme-Gravenchon, en Normandie, devait prendre la parole. Mardi devrait être le début d’une grande révolte qui peut vaincre Macron et montrer une alternative positive à l’extrême droite de Marine Le Pen.

  • Tweeter le soutien aux grévistes de la raffinerie sur twitter.com/CGTTotal

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