A group of people campaigning for Nupes candidate Rachel Keke  in the French election

Élections françaises : le néolibéral Macron perd la majorité

La coalition de gauche Nupes de Jean-Luc Mélenchon sera la principale opposition au parlement français

dimanche 19 juin 2022

Le président néolibéral français Emmanuel Macron a pris un coup dur lors des élections de dimanche alors qu’il devait perdre sa majorité au parlement par une large marge. Ayant besoin de 289 sièges, les instituts de sondage s’attendaient à ce qu’il n’en remporte que 228.

Il y a cinq ans, le parti de Macron et ses alliés avaient 356 sièges. Le déclin est un verdict accablant sur ses échecs pendant la pandémie, son règne pour les riches et ses assauts sauvages contre les gilets jaunes. Et son inaction face à la crise du coût de la vie. Les deux principaux lieutenants de Macron au parlement ont tous deux perdu.

La Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (Nupes) de Jean-Luc Mélenchon devait remporter 155 sièges et constituer la principale opposition. Parmi ses victoires notables, citons Rachel Keke, femme de ménage dans les hôtels et figure de proue de la grève des hôtels Ibis des Batignolles.

« C’est nous qui vivons dans des zones défavorisées et qui exerçons des métiers clés », a-t-elle déclaré. « C’est nous qui sommes méprisés et exploités. Alors défendons-nous au parlement. Keke a battu l’ancienne ministre des Sports de Macron, Roxana Maracineanu, dans une circonscription de la banlieue parisienne.

Le manifeste de Nupes appelait à abaisser l’âge de la retraite à 60 ans et à geler les prix des biens essentiels. Il a promis d’investir « massivement » dans les énergies renouvelables et de réintroduire un impôt sur la fortune que Macron a supprimé. Son succès est un signe très bienvenu de l’engouement pour une alternative de gauche.

Mais ce n’était pas que de bonnes nouvelles. Le parti fasciste du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen devrait remporter 89 sièges. Cela a brisé son record précédent de 35 sièges – et c’était dans les années 1980 sous Jean Marie Le Pen quand il y avait un système beaucoup plus proportionnel. Les fascistes sont un danger permanent. Mais pour les médias, déclarer les fascistes les « grands gagnants » ignore les gains de la gauche.

Privé de majorité au parlement, Macron comptera sur ses alliés de droite. Cela inclura les conservateurs traditionnels – qui devraient remporter 78 sièges – et même les fascistes de Le Pen lors de certains votes parlementaires.

Tous ces chiffres doivent être comparés à un taux de participation de seulement 46 %. Plus de la moitié des électeurs potentiels sont tellement déçus par le système qu’ils n’ont pas voté, même lors d’une élection très médiatisée.

À l’approche du vote, Macron a tenté de chasser les sorcières Nupes comme dangereux et anti-démocratique. Il n’y a pas si longtemps, Macron et ses alliés étaient occupés à embrasser les partisans de Melenchon. Ils avaient besoin de leurs voix pour vaincre Le Pen lors du second tour des présidentielles d’avril.

Car, comme le dit la chaîne France24, « Deux mois plus tard, le parti au pouvoir a pointé du doigt le vétéran de la gauche et sa jeune coalition comme la nouvelle menace pour la République. Selon les mots de l’ancien ministre de l’Éducation de Macron, Jean-Michel Blanquer, Nupes est un extrême « tout aussi dangereux que l’extrême droite de Le Pen ». Cette insulte désespérée n’a pas fonctionné

Le Nupes est composé de cinq partis dont La France insoumise (LFI) de Mélenchon et le Parti socialiste de type travailliste, les Communistes et les Verts.

Le vote combiné pour ces forces il y a une semaine était similaire à celui de 2017. Mais ensemble, ils ont fait une percée, mais au prix d’impliquer davantage d’éléments pro-entreprises tels que le Parti socialiste. Les Verts français sont également loin d’être radicaux.

Pour faire tenir Nupes ensemble, LFI a abandonné des mesures telles que la mise en place d’une commission sur les violences policières, l’interdiction des licenciements dans les grandes entreprises et la nationalisation des banques. Mais le succès de Nupes a donné un élan massif à la gauche avec des campagnes dynamiques entre les élections de la semaine dernière et le vote de dimanche.

La politique française entre dans des temps encore plus orageux où les batailles clés se dérouleront dans la rue et sur les lieux de travail. La question clé est maintenant de savoir si ceux qui ont voté à gauche – et ceux qui se sont abstenus – peuvent être mobilisés pour repousser les patrons et les assauts du gouvernement. Un test précoce viendra lorsque Macron cherchera à attaquer les retraites. C’est la lutte d’en bas, et non les manœuvres parlementaires, qui déterminera le résultat.

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