Imran Khan at the Annual Meeting 2012 of the World Economic Forum in the congress center in Davos, January 26 2012 (Picture: Remy Steinegger)

Pakistan : crise profonde pour les dirigeants derrière les élections

Au milieu des nombreuses crises que traverse le pays, les élections de la semaine prochaine seront très contestées.

Les élections générales de cette semaine au Pakistan n’auraient guère pu tomber à un pire moment pour la classe dirigeante.

Le pays de 241 millions d’habitants est au bord de l’effondrement économique, avec une dette publique, un chômage et une inflation record.

Des millions de personnes sont déjà trop pauvres pour acheter de la nourriture ou du carburant. Et même les commentateurs traditionnels sentent que leur faim pourrait se transformer en fureur à tout moment.

La situation sécuritaire du Pakistan se détériore également rapidement. Le mois dernier, l’Iran a fait pleuvoir des missiles sur des combattants séparatistes basés dans la province du Baloutchistan, au sud-ouest du Pakistan.

Le Pakistan a riposté contre des militants basés en Iran. Les deux pays sont des puissances nucléaires, et personne ne sait si ce sont les premiers coups d’envoi d’un nouveau conflit régional.

Les menaces contre l’État viennent également de l’intérieur. Le premier semestre 2023 a vu une augmentation de 79 % du nombre d’attentats terroristes locaux au Pakistan par rapport à 2022.

Les tentatives de l’armée pour les réprimer semblent n’avoir fait qu’exacerber le problème.

Dans le cadre de sa guerre interne contre le terrorisme, l’État a commencé l’année dernière à expulser des dizaines de milliers de réfugiés afghans non enregistrés dans le nord-est du pays.

Cela n’a fait qu’accroître l’amertume au sein de la société. Dans un chaos croissant, l’élite du pays aspire à un gouvernement stable.

Mais les partis politiques censés tracer leur voie dans les eaux troubles sont tous complètement discrédités. Leurs dirigeants largement méprisés sont embourbés dans la corruption et les sales affaires.

Le vainqueur probable des élections, la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N), a décidé de régurgiter un vieil ami.

Il espère qu’il sera plus populaire que n’importe quel autre dirigeant actuel. L’ancien chef du parti et trois fois Premier ministre Nawaz Sharif a récemment été ramené d’exil à Londres.

Il a terminé son dernier mandat de Premier ministre en 2017 en prison pour corruption et interdit à jamais d’exercer des fonctions politiques. Cela s’est produit après qu’il se soit brouillé avec les généraux les plus puissants du pays.

Juste à temps pour les élections, Sharif a été innocenté de toutes les accusations et l’interdiction à vie a été jugée inconstitutionnelle.

Bilawal Bhutto Zardari est un autre candidat au poste de Premier ministre. Il a hérité du Parti du peuple pakistanais (PPP) de sa défunte mère, l’ancienne première ministre Benazir Bhutto.

Bhutto Zardari présente son parti comme une alternative de gauche et s’engage à doubler les salaires et à augmenter les impôts des riches.

Mais son véritable objectif est de former une alliance gouvernementale avec d’autres partis et d’accéder à de hautes fonctions. Les politiques de gauche ne sont que des monnaies d’échange.

L’armée et la justice, quant à elles, veillent à ce que le politicien pakistanais le plus populaire, Imran Khan, soit derrière les barreaux.

L’État a l’ancien Premier ministre – et légende du cricket – lié à des nœuds juridiques.

En 2018, Khan s’est présenté avec succès comme un « candidat au changement » désireux d’aider les classes moyennes inférieures et les pauvres.

Il s’est également prononcé contre la « guerre contre le terrorisme » menée par l’Occident, exigeant des pourparlers de paix entre l’État et les talibans pakistanais.

C’était un message populaire qui l’a aidé à accéder au pouvoir. Mais cette décision a suscité la colère des Américains qui ont rapidement commencé à manœuvrer pour le faire évincer.

Mais au pouvoir, le programme social du parti PTI de Khan a à peine démarré. Bientôt, le parti s’est comporté comme tous les autres partis qui se sont pliés au néolibéralisme.

Les sondages montrent désormais que le soutien au PTI se divise en plusieurs partis différents, grands et petits.

Mais aucun parti politique au Pakistan ne bénéficie d’un véritable soutien de masse et n’a aucun moyen de faire face aux crises croissantes.

Il faut espérer que l’initiative passe bientôt des urnes à la rue.

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