Sudanese refugees displaced by war (Photo: WikipediaCommons)

Les milices soudanaises déchaînent la terreur en utilisant des armes britanniques

Alors que les Forces de soutien rapide tuent des milliers de personnes au Darfour, elles le font avec des armes fabriquées en Grande-Bretagne.

Réfugiés soudanais déplacés par la guerre (Photo : WikipediaCommons)

La milice des Forces de soutien rapide (RSF) soudanaises a déclenché un niveau de terreur sur la ville d'El Fasher au Darfour qui est difficile à comprendre. Les RSF patrouillent de porte en porte, ciblant les gens dans une attaque génocidaire. Les survivants ont signalé des exécutions massives et des actes de torture.

Des vidéos partagées en ligne par le militant de RSF Abu Lulu le montrent en train de massacrer des prisonniers non armés alors qu'ils implorent grâce. D’autres témoignent de fosses communes remplies de corps.

Pour ceux qui suivent les événements au Soudan, la chute d’El Fasher suscite un sombre sentiment d’inévitabilité. Les RSF assiègent la ville depuis 18 mois, empêchant l'entrée de nourriture ou de carburant. En avril de cette année, les RSF avaient déjà envahi le camp voisin de Zam Zam, assassinant des centaines de personnes.

Les Forces armées soudanaises (SAF) n'ont pas fait grand-chose pour protéger la ville. Lorsque les RSF attaquent une zone, les milices SAF retirent leurs forces et abandonnent les civils à leur sort sanglant.

RSF et son leader Mohamed Hamdan « Hemedti » Dagalo ont leurs origines dans les Janjaweed. Il a été notoirement utilisé par l’État soudanais pour déclencher une terreur génocidaire au Darfour en 2003 et plus tard au Kordofan Sud.

La milice est revenue sur le devant de la scène alors que l’État s’efforçait d’écraser la révolution qui a renversé le dictateur Omar al-Bashir début 2019. Hemedti a joué un rôle central dans le Conseil militaire de transition qui a remplacé al-Bashir. Ses forces ont continué de terroriser le Darfour et de déclencher des violences contre-révolutionnaires dans des villes, notamment dans la capitale, Khartoum.

A cette époque, RSF et l’État soudanais travaillaient ensemble. Ce n’est qu’en 2023 que les SAF dirigées par Abdel Fattah al-Burhan et les RSF se sont affrontés et ont déclenché une brutale guerre civile.

Le militant soudanais Khalid Sidahmed a déclaré à Socialist Worker que les deux camps en guerre sont des milices contre-révolutionnaires. « La révolution est la cible principale des deux camps. Ils appartiennent tous deux au même régime », a-t-il déclaré.

Alors que les SAF reprenaient Khartoum, revendiquant la victoire sur les RSF en mars de cette année, les forces des RSF se retirèrent dans leur cœur historique du sud, y compris au Darfour. Ils ont pu continuer à opérer en exploitant les richesses de la région en ressources, en pétrole et surtout en or.

Khalid a déclaré : « Ce que les RSF ont fait était attendu. Ils ont conclu un accord avec les SAF et se sont retirés de la capitale, Khartoum. Ce n'était pas une victoire militaire pour les SAF. Au lieu de cela, les SAF leur ont permis de retourner dans leurs régions d'origine et de commettre tous ces crimes et massacres. »

L’État soudanais a pour l’essentiel abandonné les régions périphériques comme le Darfour, malgré leur approvisionnement en or, en échange du contrôle des villes.

RSF a noué des liens avec des puissances régionales, dont les Émirats arabes unis (EAU).

La ministre britannique des Affaires étrangères, Yvette Cooper, a condamné « les atrocités, les exécutions massives, la famine et le recours dévastateur au viol comme arme de guerre ». Mais les équipements utilisés par les RSF comprennent des systèmes de cibles pour armes légères et des moteurs pour véhicules blindés de transport de troupes portant la mention « made in Britain ».

Il existe des preuves crédibles selon lesquelles des armes de fabrication britannique sont entrées au Soudan via les Émirats arabes unis, qui entretiennent un partenariat commercial et de défense de longue date avec la Grande-Bretagne.

La Grande-Bretagne a continué d'accorder des licences d'exportation aux sociétés d'armement britanniques pour envoyer du matériel aux Émirats arabes unis jusqu'en septembre de l'année dernière. C'était après le début de la guerre civile et à une époque où l'on craignait déjà que l'argent soit détourné vers le Soudan.

La chute d’El Fasher est un cauchemar né de la contre-révolution. Les puissances impérialistes, dont la Grande-Bretagne, ont laissé faire.

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