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Des retraites à la lutte salariale

De nouvelles couches de résistance se forment après la révolte des retraites en France

Des centaines de milliers de manifestants ont défilé contre l’attaque contre les retraites dans toute la France à l’appel des dirigeants syndicaux pour la 14e fête nationale depuis janvier. Il sera largement rapporté comme la fin de la résistance contre l’assaut du président Emmanuel Macron. Mais cette conclusion sera erronée.

La baisse du nombre de manifestants par rapport au début de l’année ne fera que refléter l’impasse qui découle de la stratégie des directions syndicales. Ils se concentrent sur les manœuvres parlementaires et les journées d’action occasionnelles.

Mais face à l’impasse, le mouvement change de forme. La combativité et la confiance acquises par la révolte de masse alimentent les luttes locales sur les revendications salariales et les conditions de travail.

Vendredi dernier, les travailleurs de Vertbaudet, un entrepôt de vêtements pour enfants, ont gagné après 75 jours de grève. Ces femmes, qui n’avaient jamais fait grève auparavant, ont commencé leur grève pendant le mouvement des retraites.

Samedi dernier, près de 2 000 salariés de Disneyland en région parisienne ont manifesté dans le parc d’attractions pour le même type de revendications. C’était leur troisième jour de grèves et de manifestations, et le mouvement prend de l’ampleur. Cette semaine, les libraires de plusieurs villes devaient faire la grève au sujet des salaires.

Il y a des points communs entre ces combats. A Verbaudet, la grève a commencé à la suite d’un piquet de grève organisé pendant le mouvement des retraites par des syndicalistes extérieurs à l’entreprise.

Cela a donné confiance à certains travailleurs pour lancer une grève sur leurs propres revendications. L’appel à la grève des libraires est né d’une nouvelle organisation, le Bookbloc. Celle-ci coordonne les salariés des librairies, dont la grande majorité n’était pas syndiquée jusqu’alors, à participer au mouvement des retraites par le biais d’assemblées hebdomadaires.

A Disneyland, le mouvement, impliquant les syndicalistes individuellement, est né en dehors des syndicats. Les syndicats n’y ont adhéré que le deuxième jour et le mouvement a sa propre structure, le Mouvement anti-inflation.

La stratégie des dirigeants syndicaux, privilégiant les manifestations aux grèves, a totalement dominé le mouvement pendant des mois en l’absence de formes d’organisations de base capables de forger une stratégie alternative. Mais la multiplication des conflits localisés est la base sur laquelle le mouvement peut commencer à construire ce qui lui manquait jusqu’ici.

Et les ripostes ne se limitent pas aux problèmes économiques. Dimanche dernier, des milliers d’antifascistes ont défilé dans les rues de Paris en hommage à Clément Méric, un militant assassiné par des fascistes il y a dix ans.

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