Comment les antifascistes peuvent-ils gagner en France ?
Le soutien au Rassemblement national fasciste a progressé lors des récentes élections au Parlement européen. Denis Godard, un éminent antiraciste, écrit depuis Paris sur la manière dont les antifascistes peuvent riposter.
Des milliers de jeunes et autres antifascistes ont fait rage en France lundi soir. Cela fait suite à la montée du soutien au parti fasciste RN et à la décision du président Emmanuel Macron de convoquer des élections générales.
Le Rassemblement National de Marine Le Pen arrive clairement en tête des suffrages pour les élections européennes. Avec d'autres partis fascistes, l'extrême droite française a obtenu près de 10 millions de voix. À la suite des résultats des élections, le président Emmanuel Macron a annoncé des élections législatives, dans trois semaines, le 30 juin.
Sous couvert d’élections, se déroule un processus sinistre et antidémocratique. Les néolibéraux de Macron, au pouvoir depuis sept ans, dans une tentative cynique de s'accrocher au pouvoir, se présentent comme la seule barrière contre le fascisme.
La France fournit un exemple flagrant de l’inverse. Ce sont les politiciens racistes et nationalistes, les politiques de fermeture des frontières, les politiques anti-immigration qui légitiment les idées des fascistes. Emmanuel Macron l'a fait.
Parmi les fascistes du Rassemblement national au Parlement européen, on retrouve désormais Fabrice Leggeri, l'ancien directeur de Frontex, la police européenne des frontières.
Il a utilisé les mesures les plus dures contre les migrants lorsqu’il dirigeait Frontex. Ces pratiques ont entraîné la mort de plus de 650 réfugiés près de Pylos en Grèce il y a un an.
Il faut en tirer les conclusions. Bloquer la voie fasciste ne passe pas par diverses manœuvres électorales et compromis avec le racisme.
Des millions de personnes se sont mobilisées ces dernières années pour les retraites, le climat, pour la Palestine, contre les lois racistes, contre les assassinats policiers et pour s’opposer aux attaques contre l’éducation.
Il n’est possible de bloquer la route vers le fascisme qu’en luttant contre le racisme dans l’unité et en solidarité avec les migrants. Et nous avons besoin d’antifascistes ancrés dans les quartiers et sur les lieux de travail.
Les actions et manifestations se multiplient pour Gaza. Ils se sont rassemblés en solidarité avec les populations de Nouvelle-Calédonie, dans le Pacifique Sud, qui luttent contre la politique colonialiste de Macron.
Il doit être absolument clair que les manœuvres électorales de gauche qui font des compromis avec le racisme sapent les forces derrière la construction de ces mouvements.
Ces mouvements sont la force qui bloque la route fasciste et c’est grâce à eux que nous affrontons les politiciens qui ouvrent leur chemin. Nous devons être dans la rue aujourd’hui, puis vendredi, pour nous souvenir des victimes de Pylos et combattre le fascisme en France, et continuer à nous battre tout au long de la période électorale et après.
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