Erik Enge as Martin Bengtsson ready to step on the pitch at Inter Milan

Tigres – histoire d’un jeune talent ruiné par un sport où les joueurs sont une marchandise

L’histoire vraie de Martin Bengtsson est un voyage à travers une industrie du football moderne où tout le monde a un prix

lundi 27 juin 2022

Et si vous réalisiez votre rêve d’enfance pour découvrir que ce n’est pas ce que vous avez toujours voulu ? C’est la question posée par Tigers, l’histoire vraie d’un adolescent prodige du football suédois qui décroche une place dans la prestigieuse académie des jeunes de l’Inter Millan.

Martin Bengtsson (Erik Enge) est un jeune de 16 ans maigre et maladroit qui est complètement obsédé par le jeu. Il dirige chaque aspect de sa vie vers sa carrière de joueur. Son journal est une série de notes percutantes à soi-même, exigeant une plus grande concentration mais en même temps «moins de réflexion». Chaque moment d’éveil est rempli de pratique et d’exercice.

Lorsqu’il n’est pas aussi absorbé, on peut trouver Martin en train de trembler et de s’attaquer nerveusement aux croûtes, sachant que chaque minute est une perte de temps d’entraînement. Lorsque son gros contrat avec l’Inter arrivera, cela devrait marquer le point culminant de tous ces efforts, mais au lieu de cela, cela tourne au désastre.

Le réalisateur des Tigers, Ronnie Sandahl, a sa caméra de style documentaire pour suivre Martin dans le dortoir où il est enfermé avec des dizaines d’autres jeunes joueurs à la recherche de leur grande chance. C’est un chaudron de peur refoulée, d’agressivité et de rivalité. Martin découvre qu’il n’a pas rejoint une équipe mais quelque chose qui ressemble plus à une version footballistique de The Hunger Games.

Sur le terrain, les joueurs se retournent pour tenter d’être reconnus par leur entraîneur. En dehors du terrain, ce même entraîneur se livre à toutes sortes de jeux d’esprit pour tester la force mentale des « investissements » du club et pour garder les joueurs « affamés ».

Le stress et la solitude font des ravages sur Martin. Isolé à la fois par son âge et son incapacité à parler ne serait-ce qu’un minimum d’italien, il a du mal à nouer des relations même basiques.

Puis il rencontre le gardien américain Ryan (Alfred Enoch). Ryan prend Martin sous son aile pendant un certain temps, mais se retrouve ensuite vendu au modeste Hull City avant que le jeune Suédois ne devienne trop à l’aise.

Le sport et le système, à qui jouons-nous ?

Le sport et le système, à qui jouons-nous ?

Le moment de Martin arrive enfin lorsqu’il est sélectionné pour la première équipe dans un match à domicile. Le magnifique stade San Siro est plein à craquer et l’Inter a le vent en poupe. Mais lorsque Martin quitte le banc, le jeu devient une série de fragments déformés. Le résultat est un gâchis déconcertant d’émotions enchevêtrées de Martin combinées à des banalités de vestiaire et à la signature d’autographes.

Ensuite, juste au cas où Martin penserait avoir réussi, un entraîneur lui dit que la seule raison pour laquelle il a été sélectionné était d’augmenter sa valeur de revente potentielle. Les Tigres s’en prennent à la culture de l’abus qui règne dans le football. Mais cela laisse ouverte la question de savoir si le départ ultime de Martin était uniquement le résultat de l’environnement toxique ou de sa propre fragilité mentale.

Résoudre cette question place le film assez haut, mais c’est une question à laquelle Tiger aurait au moins dû essayer de répondre.

  • Tigres est en salles à partir du vendredi 1er juillet. Il est basé sur les mémoires In the Shadow of San Siro de Martin Bengtsson

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