Scottish independence, Nicola Sturgeon at the launch of Building a New Scotland

Lancement de la campagne d’indépendance écossaise du SNP – juste de l’air chaud ?

Les conservateurs diront non à un nouveau vote, alors que fera le SNP ?

jeudi 16 juin 2022

Le Parti national écossais (SNP) annonce qu’il lance une nouvelle campagne pour l’indépendance. Le Premier ministre Nicola Sturgeon doit parler dans les prochaines semaines d’une « feuille de route vers un référendum ».

Pour le moment, on ne sait pas si cela impliquera plus que de demander une section 30 à Westminster, le mécanisme par lequel le gouvernement écossais serait autorisé à adopter une législation pour déclencher un nouveau vote. C’est ainsi que s’est déroulé le référendum de 2014.

Ce fut une autre histoire lorsque le SNP a demandé une section 30 en 2017 et 2019, Theresa May puis Boris Johnson le niant. Sturgeon a déclaré qu’un deuxième référendum sur l’indépendance (indyref2) aura lieu en 2023 avec ou sans ordonnance en vertu de l’article 30.

Mais le SNP a également clairement indiqué qu’il n’envisageait pas un référendum «sauvage» comme celui de Catalogne dans l’État espagnol en 2017. Son plan est de défier Johnson dans une longue bataille juridique.

Attendre un gouvernement travailliste peut être une autre possibilité. Mais il y a des raisons de douter que l’approche de Keir Starmer soit différente de celle de Johnson. Le secrétaire aux Affaires étrangères de l’ombre, David Lammy, a exclu cette semaine un référendum dans les dix prochaines années.

Le calcul de Sturgeon a peut-être été que le fait de continuer leur permet de dire à leurs partisans qu’ils ont essayé de gagner l’indépendance de l’Écosse tout en rejetant la faute sur les conservateurs lorsque cela ne se produit pas. Mais ce faisant, le SNP s’est poussé dans ses retranchements. En 2023, il devra soit aller de l’avant avec indyref2 quoi qu’il en coûte, soit admettre qu’il n’a pas de stratégie pour y parvenir.

Indyref2 pourrait avoir lieu sans la section 30. Cela impliquerait une campagne de désobéissance civile de masse et une organisation de base pour défier l’État britannique. Les mêmes tactiques que les militants ont déployées pour arrêter avec succès les raids d’immigration ou les infrastructures de combustibles fossiles pourraient être utilisées. Mais le SNP ne peut concevoir cette possibilité car elle va à l’encontre de sa vision pro-marché de l’indépendance.

Mardi, Sturgeon a publié le premier d’une série d’articles décrivant une nouvelle vision de l’indépendance. Il n’offre rien de nouveau.

Il soutient simplement que le niveau de vie en Écosse pourrait être davantage aligné sur celui des pays européens de taille similaire en se séparant de la Grande-Bretagne. Le document réitère les conclusions du rapport de la Commission sur la croissance durable de 2018, plaidant en faveur de l’Écosse en tant que pays favorable aux entreprises et ouvert aux investissements des capitaux internationaux.

Les futurs documents d’orientation examineront des domaines tels que l’adhésion à l’UE, l’armée, la monnaie à utiliser et l’économie. L’idée maîtresse de ceux-ci sera presque certainement de rejoindre l’UE et l’adhésion à l’OTAN et de reporter le retrait de Trident à un avenir indéterminé. Ils devraient également s’efforcer de conserver la livre sterling et de lier l’économie écossaise à la Banque d’Angleterre. Tout cela placera un carcan sur toute possibilité de changement réel.

On est loin des aspirations qui ont vu des centaines de milliers de personnes voter Oui en 2014, ou qui ont alimenté d’énormes marches indépendantistes depuis. Cela reflète à quel point le SNP se déplace vers la droite et vide l’indépendance de tout sens réel.

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La déclaration de Sturgeon à propos d’indyref2 suscitera des attentes. Mais pour l’instant, la base du mouvement indépendantiste écossais reste fragmentée et faible, ce qui rendra plus difficile la remise en cause du projet du SNP.

Plus que jamais, la gauche doit avoir sa propre vision de ce que devrait être l’indépendance. Il devrait s’agir de débarrasser l’Écosse des armes nucléaires, de déclencher une transition vraiment juste loin des combustibles fossiles et d’abandonner à jamais les politiques néolibérales de coupes budgétaires et de privatisation que le SNP a prônées avec enthousiasme.

Les appels à l’indépendance doivent être liés à une transformation de la vie des gens de la classe ouvrière. Ils doivent être liés à la lutte des classes, pas à l’unité avec les patrons. Et avec les conservateurs en crise, ce devrait être le moment de passer à l’offensive.

Construire la solidarité avec les grèves du rail, renforcer le mouvement anti-guerre et la résistance à la crise du coût de la vie, c’est ainsi que les socialistes peuvent se battre pour une telle vision au sein du mouvement du Oui

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