La fin de la loi sur les syndicats devrait stimuler la lutte
Alors que le parti travailliste s'est engagé à abroger les lois antisyndicales, il fait campagne pour les supprimer toutes
Le journal Daily Telegraph a annoncé cette semaine que le parti travailliste tiendrait le mois prochain sa promesse d'abandonner la loi antisyndicale de 2016.
Il s'agit de la législation pro-patronale qui impose des seuils de participation aux votes de grève et exige que les syndicats donnent un préavis de grève de 14 jours.
Pour Annabel Denham, journaliste au Telegraph, c'est une preuve supplémentaire que nous avons désormais « un gouvernement socialiste obsédé par les classes et les « inégalités » et déterminé à saigner les « riches » ».
Le président du Parti conservateur Richard Fuller a déclaré : « Ce gouvernement travailliste donne de l’argent de manière irresponsable à ses payeurs syndicaux. » Malheureusement, la vérité est un peu différente.
Le parti travailliste a en effet abandonné les niveaux de service minimum (MSL), une loi répressive destinée à forcer les travailleurs à briser eux-mêmes leurs grèves. Mais les MSL étaient si compliqués qu’ils n’ont jamais été utilisés par les conservateurs qui les ont introduits.
Il est vrai que le parti travailliste a proposé des salaires légèrement supérieurs à ceux que les conservateurs auraient acceptés pour les médecins juniors, les conducteurs de train, les enseignants et les travailleurs de la santé. Mais c'est toujours bien moins que ce dont ces travailleurs ont besoin pour rattraper leur retard par rapport aux coupes budgétaires précédentes.
Si la loi de 2016 est abandonnée – et n’est pas remplacée par une version légèrement moins odieuse –, elle nous éloignera considérablement de la liberté syndicale. Ce sera un retour aux lois antisyndicales qui existaient sous la guerrière de classe conservatrice Margaret Thatcher et sous le New Labour de Tony Blair.
Blair a décrit ces lois comme « les plus restrictives pour les syndicats dans le monde occidental ». Mais l’abrogation de cette loi devrait inciter à la lutte.
Cela détruirait l'alibi des secrétaires généraux des syndicats selon lequel ils souhaiteraient faire grève mais que leurs membres ne voteraient pas en nombre suffisant pour agir.
Lorsque les travailleurs votent pour une grève, quel que soit le taux de participation, la bataille sera désormais menée contre le refus des dirigeants syndicaux de mener la lutte, et non contre la loi.
Le parti travailliste espère que s'il supprime la loi de 2016, les dirigeants syndicaux surveilleront eux-mêmes l'action de leurs syndicats. C'est ce que le parti travailliste a réussi à faire dans les années 1970 avec son Contrat social, ce qui a eu un effet désastreux pour les travailleurs.
Les travailleurs doivent saisir toutes les occasions de résistance, continuer à construire à partir de la base et exiger davantage d’actions sur les salaires, les conditions de travail, la lutte contre le racisme et d’autres questions.
Si le Parti travailliste abroge effectivement la loi de 2016, ce sera l’occasion de faire pression sur la bureaucratie syndicale et de faire pression sur elle.
Les travailleurs doivent intensifier leurs actions, et non pas attendre passivement que leurs dirigeants décident de faire grève. Il faut poursuivre l’agitation pour que toutes les lois antisyndicales votées au cours des 45 dernières années soient abrogées.
Et nous avons besoin d’un mouvement ouvrier qui puisse prendre des décisions démocratiques, faire grève et débrayer, que les lois le permettent ou non.