Quel est le rôle de la classe ouvrière israélienne ?
Sophie Squire explore le rôle des travailleurs israéliens au sein de l’État colonisateur sioniste
Les travailleurs israéliens pourraient-ils participer à la lutte pour la liberté des Palestiniens ? Les socialistes affirment généralement que l’action des travailleurs peut constituer la force de changement la plus puissante. Mais la composition de la société israélienne, soutenue par ses soutiens impérialistes, signifie que sa classe ouvrière ne sera jamais des agents de libération pour les Palestiniens.
La société israélienne est une entreprise coloniale raciste, qui ne peut exister que grâce au déplacement et à l’oppression continus des Palestiniens. Les travailleurs israéliens sont des colons qui jouent un rôle dans le maintien de l’oppression des Palestiniens.
La conscription obligatoire de tous les citoyens adultes dans son armée signifie qu’Israël dispose toujours d’une réserve de soldats prêts à se battre. L’État israélien sait que pour maintenir ce système, les travailleurs israéliens doivent constamment se sentir supérieurs aux Palestiniens et savoir qu’ils bénéficient du maintien du système d’apartheid.
Et il est facile de voir comment les travailleurs israéliens en bénéficient. Le salaire moyen des travailleurs israéliens est presque le double de celui des Palestiniens. Le chômage en Israël était de 3,48 % en 2022. La même année en Cisjordanie voisine, il était de 13 % et à Gaza de 45 %.
Les partisans impérialistes d’Israël et les entreprises occidentales investissent de l’argent dans leur organisme de surveillance au Moyen-Orient. Une partie de cette somme va aux travailleurs et est utilisée pour consolider leur soutien au sionisme. Il existe un lien direct entre le rôle joué par Israël et les conditions des travailleurs israéliens.
Et en même temps, les travailleurs israéliens profitent de l’exclusion, de la répression et de la marginalisation des travailleurs palestiniens. Ils obtiennent une partie des bénéfices du vol des Palestiniens. Le message que cela envoie est que même si les travailleurs israéliens ont des problèmes avec leur patron ou le gouvernement, ils seront toujours dans une meilleure situation que les Palestiniens.
Et ce message est relayé par les syndicats israéliens. La Histadrout, ou Organisation générale des travailleurs en Israël, est une sorte de fédération syndicale. Mais depuis sa création en 1920, il a été un outil d’expansion de l’apartheid et l’un des organes centraux d’organisation de certains des premiers colons sionistes.
Il a contribué à la création des kibboutzim, des fermes construites sur les terres volées aux Palestiniens. Il a également supervisé la Haganah, une force militaire qui a contribué au massacre et au déplacement forcé des Arabes de leurs foyers.
L’un des principaux objectifs de l’Histadrout était de faire comprendre aux nouveaux colons juifs en Palestine qu’ils ne devaient pas dépendre de la main-d’œuvre ou des biens arabes. Les membres de l’Histadrut ont détruit les étals des marchés arabes, détruit les produits et se sont organisés pour battre les Palestiniens qui tentaient de trouver du travail dans les vergers.
Cette violence faisait partie du projet sioniste visant à garantir qu’Israël ne soit jamais trop dépendant du travail des travailleurs arabes. Aujourd’hui, les Palestiniens sont toujours considérés comme secondaires dans la population active et occupent les emplois les moins bien payés et les plus précaires.
Les travailleurs israéliens bénéficient directement de cette configuration. Bien sûr, des luttes et des grèves éclatent parfois en Israël. Il y a des protestations politiques. Mais il est important de noter qu’ils ne vont jamais jusqu’à s’en prendre au régime d’apartheid lui-même.
Il y aura toujours des tensions en Israël à propos de la répartition du butin de l’impérialisme et du produit du vol des Palestiniens. Mais cela ne s’étend pas à une attaque contre le sionisme.
Les individus peuvent rompre avec le sionisme, et le font parfois, mais pas les travailleurs israéliens en tant que classe. Les socialistes devraient se tourner vers une force capable de mettre fin à la terreur sioniste. Il s’agit de la résistance palestinienne, de la classe ouvrière de toute la région et d’un mouvement de protestation dans les pays qui financent et arment Israël.