Adania Shibli

Minor Detail d’Adania Shibli : un roman raconte l’histoire palestinienne de l’oppression

Minor Detail d’Adania Shibli est une exploration sans faille de la violence que les personnes opprimées ont subies sous le régime colonial.

« Parfois, il est inévitable que le passé soit oublié, surtout si le présent n’est pas moins horrible. » Minor Detail d’Adania Shibli est un appel de ralliement aux lecteurs pour qu’ils n’oublient jamais les horreurs que les Palestiniens endurent depuis plus de 75 ans.

La première partie du roman est basée sur l’histoire vraie d’une jeune Bédouine capturée, violée puis assassinée par des soldats sionistes en 1949.

Shibli frappe le lecteur avec toute l’horreur de ce conte. Elle ne se retient pas de décrire l’humiliation et l’horreur qu’aurait endurée la jeune femme de la part des sionistes. Et elle montre que le viol et la brutalisation faisaient partie du projet colonial des sionistes après la Nakba de 1948.

Le viol de la jeune fille est sanctionné par le chef de section israélien, qui donne l’ordre à tous les soldats sous son commandement de l’agresser.

Ce personnage israélien est étrangement discipliné, obsédé par l’hygiène et apparemment coupé de toute émotion ou empathie. Il est clair que, pour lui, violer la jeune fille n’est qu’une conséquence inévitable de la guerre – aussi routinière qu’une patrouille.

À travers ce personnage, vous commencez à comprendre certains des mythes que les sionistes ont construits sur la Palestine. Le chef du peloton décrit la terre comme étant désolée et stérile.

Il déclare que c’est le travail des sionistes de le cultiver et de le rendre habitable. Ce mensonge selon lequel la Palestine était une terre sans peuple dont il fallait prendre soin persiste aujourd’hui, alors que les colons israéliens continuent de voler les terres des Palestiniens.

La seconde moitié du livre suit un autre personnage anonyme, cette fois une femme palestinienne, qui devient obsédée par l’histoire du viol et du meurtre de la jeune femme.

Dans son voyage pour découvrir la vérité sur ce qui s’est passé, le lecteur comprend la réalité de vivre dans un État d’apartheid. Alors qu’elle voyage à travers son pays natal, elle est obligée de traverser des frontières et des points de contrôle et est harcelée par des soldats armés. L’oppression quotidienne l’affecte profondément.

Des parallèles apparaissent entre la façon dont elle est traitée et la façon dont la jeune femme a été brutalisée en 1949. Les deux femmes ne sont pas considérées comme humaines par les sionistes.

En lisant le livre, la continuité entre les deux histoires présentées et la déshumanisation des Palestiniens par les grands médias d’aujourd’hui est apparue.

La déshumanisation et le racisme ont toujours été les outils utilisés par les colonisateurs ou les oppresseurs pour tenter de justifier leur propre brutalité. Et dans une autre démonstration de ce racisme, la Foire du livre de Francfort a annulé une cérémonie de remise de prix qui devait avoir lieu pour Shibli afin de célébrer Minor Detail.

Les organisateurs ont posté sur les réseaux sociaux après l’annulation que « la guerre terroriste contre Israël contredit toutes les valeurs défendues par la Frankfurter Buchmesse ».

L’annulation du prix décerné à Shibli n’est pas un détail mineur en soi. Cela montre à quel point l’establishment fera tout son possible pour marginaliser les voix palestiniennes, en particulier celles aussi inébranlables que celle de Shibli.

Mais les actions du Festival du livre de Francfort signifient que davantage de gens parlent et lisent Minor Detail. Pour cela, je suis reconnaissant. Minor Detail est une lecture déchirante et difficile, mais elle expose une histoire brutale dont il faut se souvenir.

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